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« Adieu 1945, raccrochons notre pays au monde ! ».....

....tel est le titre de l’éditorial du magazine Challenges signé par Denis Kessler

Denis Kessler né le 25 mars 1952 à Mulhouse a été vice-président du MEDEF, est actuellement président du groupe Scor[société de réassurance]. Diplômé de HEC, il a commencé une carrière d’universitaire en économie, prenant une part active à l’émergence en France du débat sur la « fin des retraites ». Il est devenu président de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA) puis, vice-président du MEDEF, symbolisant l’accroissement du poids du secteur des assurances dans l’organisation patronale. Promu en 1997 directeur international d’Axa et bras droit de son président Claude Bébéar, il est licencié au bout de seize mois. Il défend un démantèlement total du système de protection sociale français (voir ci dessous l’article de challenges)

« Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme... ?? y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance !

 ?? l’époque se forge un pacte politique entre les gaullistes et les communistes. Ce programme est un compromis qui a permis aux premiers que la France ne devienne pas une démocratie populaire, et aux seconds d’obtenir des avancées - toujours qualifiées d’« historiques » - et de cristalliser dans des codes ou des statuts des positions politiques acquises. Ce compromis, forgé à une période très chaude et particulière de notre histoire contemporaine (où les chars russes étaient à deux étapes du Tour de France, comme aurait dit le Général), se traduit par la création des caisses de Sécurité sociale, le statut de la fonction publique, l’importance du secteur public productif et la consécration des grandes entreprises françaises qui viennent d’être nationalisées, le conventionnement du marché du travail, la représentativité syndicale, les régimes complémentaires de retraite, etc.

Cette « architecture » singulière a tenu tant bien que mal pendant plus d’un demi-siècle. Elle a même été renforcée en 1981, à contresens de l’histoire, par le programme commun. Pourtant, elle est à l’évidence complètement dépassée, inefficace, datée. Elle ne permet plus à notre pays de s’adapter aux nouvelles exigences économiques, sociales, internationales. Elle se traduit par un décrochage de notre nation par rapport à pratiquement tous ses partenaires. Le problème de notre pays est qu’il sanctifie ses institutions, qu’il leur donne une vocation éternelle, qu’il les « tabouise » en quelque sorte. Si bien que lorsqu’elles existent, quiconque essaie de les réformer apparaît comme animé d’une intention diabolique. Et nombreux sont ceux qui s’érigent en gardien des temples sacrés, qui en tirent leur légitimité et leur position économique, sociale et politique. Et ceux qui s’attaquent à ces institutions d’après-guerre apparaissent sacrilèges. Il aura fallu attendre la chute du mur de Berlin, la quasi disparition du Parti communiste, la relégation de la CGT dans quelques places fortes, l’essoufflement asthmatique du Parti socialiste comme conditions nécessaires pour que l’on puisse envisager l’aggiornamento qui s’annonce. Mais cela ne suffisait pas. Il fallait aussi que le débat interne au sein du monde gaulliste soit tranché, et que ceux qui croyaient pouvoir continuer à rafistoler sans cesse un modèle usé, devenu inadapté, laissent place à une nouvelle génération d’entrepreneurs politiques et sociaux. Désavouer les pères fondateurs n’est pas un problème qu’en psychanalyse. »

Le magazine Challenges, 4 octobre 2007.

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Par ailleurs, Fillon le reconnaît et s’en félicite : « Il faut, dit-il, que chacun d’entre nous accepte qu’il y ait moins de services, moins de personnel, moins d’ ??tat sur son territoire ».

La dégradation des services publics est revendiquée. Concrètement, cela signifie dégradation dans l’école , où quelque vingt mille postes d’enseignants seront effacés ; dégradation dans la justice, avec la suppression de centaines de tribunaux, sous-effectifs dans les hôpitaux....

De nombreux territoires vont demeurer des déserts en matière de services publics. Ce terrible aveu dessine les contours d’une société plus dure pour les plus faibles, alors que la société moderne a besoin de nouveaux services publics, pour la petite enfance, pour l’aide aux personnes âgées notamment.

Pour imposer cette rupture avec l’héritage de la Résistance, Denis Kessler et François Fillon voudraient prendre la contestation sociale de vitesse. Les grèves de 1995 ont laissé un cruel souvenir à la droite. Elle veut passer en force, de l’état de grâce à l’état de choc. Mais la France a déjà montré qu’elle était capable de Résistance.

Article publié le 16 octobre 2007.


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